Oasis #NovembreNumérique 2021 / Essai de Christina Goh

De ce #NovembreNumérique à l’Institut Français de Côte d’Ivoire, je me souviendrai longtemps. Des sourires.

Ceux d’enfants portant les casques virtuels en accès libre, dans une autre réalité où règnent les merveilles d’un créateur de jeux vidéo de l’autre bout du monde. Ceux des collégiens s’initiant gratuitement à l’informatique à la médiathèque. Sourire des conférenciers en fin de rencontres, épuisés d’avoir répondu aux questions d’étudiants audacieux qui voulaient comprendre. Sourire du pianiste ivoirien Jeepheal et de l’accordéoniste français Maxime Perrin pour la dernière accolade en fin du concert immersif.

Le mien aussi, celui tapi au fond du cœur, remontant parfois jusqu’à mes lèvres, parce que le lieu porte une histoire. Celle de destins de nations, de croisement de générations, de confrontation d’idées, celle des lectures de mon enfance. Centre culturel français de Côte d’Ivoire aujourd’hui Institut Français de Côte d’Ivoire. Et arpentant les couloirs de ces bâtiments reconstruits après les incendies de 2003 qui détruisirent tant de documents historiques et d’archives perdus à jamais, je pense à la valeur de la numérisation et de la transmission.  Et de pourquoi je suis là.

Et il me semble entendre la voix de Feu Marie-Rose Guiraud croisée lors d’une visite officielle en 2017 : « il faut pratiquer son art avec joie et tout donner absolument. Il faut jouer également pour les murs car eux aussi ont des oreilles… » Et je la revois sourire en évoquant New-York et Liz Taylor rencontrée après un concert… Artiste ivoirienne ancrée dans sa tradition déjà connectée au monde.
Et c’est bien de cela qu’il s’agit. De connexions. Internet et réelles.

Visite de Christina Goh et de Maxime Perrin à l’INSAAC – Côte d’Ivoire avec les responsables du conservatoire de Côte d’Ivoire et le Directeur de l’Institut Français dans le cadre du #NovembreNumérique 2021. Photo par Baptiste Auffray.

Pour le spectacle en sons et lumières MIROIR, fusion de l’intimité des émotions face à l’ampleur d’une pandémie, fusion de graphismes 3D, de créations numérique et de live, d’expertises, j’ai chanté pour les murs et les Hommes. Quand en fin de concert je ne peux saluer que trop brièvement, cette dame de 85 ans, ce jeune couple enthousiaste et ce gardien honorable des traditions orales, ces ingénieurs culturels croisés après le concert et avec qui j’aurai souhaité échanger bien plus, ou cette famille qui est venue avec ces enfants en bas âge et si sages, je ne peux que sourire encore. Tellement. D’émotion.

Scène spectacle MIROIR du 20 novembre 2021



Des semaines et des mois pour préparer un défi live et numérique d’un soir. Combien d’échanges, de messages instantanés, de mails, avec les ingénieurs, les techniciens, les administrateurs, les graphistes… Par la voie numérique et ses écrans.
Jusqu’à l’immersion absolue dans le miroir de l’art.
S’y réflètent nos rires du salut ponctuant le spectacle partagé.

Oasis.

C’est ce que constitue la plateforme d’un centre culturel. Portail vers les dimensions autres, périple dans l’espace-temps par les vaisseaux des ouvrages papier ou documents dématérialisés, par la diffusion ou l’enregistrement de shows comme « MIROIR ». Cela n’a t-il pas toujours été un voyage ?


Oui, de ce #NovembreNumérique 2021 à l’Institut Français de Côte d’Ivoire, je me souviendrai longtemps.
Les sourires des murs et des Hommes.

Christina Goh


Photos : Remise d’archives sonores en vinyles authentiques d’époque pour la Bibliothèque Centrale de Tours en Centre Val de Loire (bibliothèque classée BMC) par Madame Marie-Denise Dohoura, responsable de la médiathèque, en remerciement de l’ouvrage de référence « Yves Bonnefoy – Poésie et peinture (1993-2005) » du Château de Tours / William Blake & Co Edit, offert par l’établissement de Tours à la médiathèque de l’IFCI.

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