Nouvel épisode de podcast : « Une histoire d’alliance »

Christina Goh revient sur le texte poétique extrait du spectacle PREUSES pour la célébration des 15 ans des Passeurs de Légendes de Touraine à l’Espace Naturel des Rouchoux. Avant la nouvelle collaboration inédite qui aura lieu les 10 et 11 juin 2023, retour sur l’interprétation poétique d’un personnage incroyable chanté par la vocaliste, celui d’Amenirense.

ExtraitPREUSES
Tableau Ceridwen et Amenirense

D’où je me tiens, ce ne sont qu’ombres et lumières.

Napata, ville chère à mon cœur, bienheureuse des capitales, qui quand elle fût attaquée, ne refléta plus que les ombres. Celles de courageux guerriers, tombés dont la bravoure hante mon âme, celles des douleurs des familles séparées et menées en esclavage.
L’ombre et la lumière.
Eclat éternel de leur courage qui habite le fils d’Amon, résistant de Napata. Car la lumière montre la voie, la bravoure porte le pas. Et des méandres, la prêtresse se révèle.
Ainsi, moi, fille de Ré, croisai-je le regard de César à Samos. De cette rencontre, nous obtînmes tout ce que nous avions demandé, jusqu’à la remise du tribut qui nous avait été imposé. Car sur les cendres de Napata devaient germer les pousses de la paix qui allait embrasser l’Ethiopie et servir jusqu’à votre monde.

Ainsi je nous vois.

Comme je vois la sage et puissante Makeda des montagnes du Tigré, Reine de Saba qui choisit l’alliance et sauva l’enfant là où le soleil se lève sur la corne du continent noir. A l’opposé de ses terres, dans le crépuscule de ses jours, je vois la mère guerrière Abla Pokou, soeur du vaillant Dakon, successeur de Osseï Tutu, l’Unificateur des Ashantis. Je vois la clémence et ses alliances avec les tribus dites esclaves sur la terre de la douceur et de l’ivoire. Elles chantent encore la valeur de la paix, seule motivation des plus puissantes guerrières que ce monde ait jamais porté…

Leurs exploits transcendent les temps et ravagent les illusions des mémoires.

Qu’as-tu cru savoir de Ifrîqiyya, de Africa ?
Auras tu découvert dans la forêt les empreintes inversées de ceux que l’œil ne peut voir ? Auras-tu assisté l’éléphant quand il s’endort pour toujours dans le cimetière choisi par ses ancêtres ? Et qui aura jamais su comprendre le langage du sable du grand désert quand il raconte inlassablement les splendeurs des grands royaumes, de leurs batailles et de leurs splendeurs trahies ?
Mais le vent porte sa voix, et  son chant, depuis toujours, parcourt les montagnes, les plaines, les forêts denses et les savanes. Il raconte l’histoire d’une terre et de ses reines.

Je vois Amina de Zaria,  fille de Nikatau de Zazzau, que l’on appelle aujourd’hui Nigéria, brassant l’air sur son cheval, brassant l’air du tranchant de sa lame qui inspira jusqu’aux héroïnes du siècle des technologies, et reprit vie sous la forme d’une Xéna la guerrière en inspiration. Oh Amina ! Architecte de fortifications, génies des batailles, dont le foyer fût la halte entre deux guerres.
Mais le chant du vent nous raconte aussi Nzinga reine du royaume de Ndongo et du royaume de Matamba sur les côtes du cœur du continent noir. Celle qui refusa de s’asseoir par terre face au représentant du Portugal assis sur un trône alors qu’il n’était pas sur ses terres. Oui, elle usa de toutes les armes, de tous les compromis, de toutes les négociations pour se défendre mais que peut-on face à un esprit, celui de l’avidité ?

Et le vent nous prévient quand il murmure le nom de Nandi kabhebhe, mère de Chaka roi de l’immense royaume zoulou dans le profond sud. Souviens-toi de Nandi et du poids de l’outrage de l’enfant qui n’avait pas été reconnu. Il devint pourtant roi et redoutable guerrier…
Ombres et lumières.

Mais le vent continue sa course et que celui qui veut savoir tende l’oreille, si son cœur est sincère, il déchiffrera les sillons des terres de l’origine et trouvera comment donner la paix.
Comprend la valeur de l’exploit.
Moi, Amenirense, j’ai parlé.


Par Christina Goh

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